L’autre baie d’Ha Long

Deux heures de bus local, et un quart d’heure de taxi plus tard, nous arrivons à Tam Coc. Lieux de villégiature pour les touristes venant admirer d’une autre façon la baie d’Ha Long. Loin des hordes de bateaux de croisière hors de prix qui polluent les eaux de la célèbre baie, ici seules les barques permettent d’admirer les entrailles de cette merveille de la nature. Nous ne sommes pas au bord de la mer, mais un peu plus reculée dans les terres. Les montagnes karstiques surplombent les rizières griffées par de multiples rivières sur lesquelles naviguer.

 

 

Installés dans un homestay très convenable et peu cher, nous partons faire le tour du petit lac, point de départ du spot le plus touristique pour démarrer une balade en barque. Les montagnes aux formes féminines, vêtues d’une végétation luxuriante, sont sublimes. Il fait chaud comme dans un four, encore plus qu’à Hanoï, pourtant entouré de béton. Et lorsque par curiosité, je regarde la météo, nous tournons autour des 37°C, avec un ressenti de 44°C.

 

 

La chaleur est insupportable, quand soudain il se met à pleuvoir. Ici, ça ne prévient pas. Nous courrons nous abriter sur la terrasse de notre homestay. Pas parce que nous craignions la fraîcheur bienfaitrice de la pluie (ce n’est pas le cas, l’eau du ciel est chaude), mais parce que l’appareil photo d’Alexis n’est pas du même avis.

 

 

Tandis qu’Alexis tente le coucher de soleil un peu plus loin, je reste l’admirer sur les abords du lac. Un jeune vietnamien sort de sa baignade et me voit prendre des photos du lieu. Me complimentant, il me demande de poser pour lui au bord de l’eau. Faisant régulièrement le modèle pour Alexis, me voici cette fois entre les mains d’un autre photographe en herbe. Le soleil se couchant, les couleurs et les nuages deviennent de plus en plus jolis et avant de revenir à l’hôtel, je m’arrête une dernière fois pour profiter du meilleur moment de la journée.

 

 

Avec un climat pareil, il faut se lever tôt. L’après-midi est une longue pause sieste-lecture-écriture-rêvasserie en attendant la timide douceur du soir. Nous partons donc tôt le lendemain matin avec nos vélos. Nous allons rejoindre d’autres bras de rivières plus méconnus des touristes pour profiter d’une balade en barque dans cette sublime baie d’Ha Long terrestre. Il est environ sept heures et nous sommes les seuls à ce petit embarcadère. Un vietnamien nous invite dans une barque métallique qu’il conduira tout du long à la force de ses pieds, qui ici remplacent les paumes de mains de nos embarcations occidentales. Tout est calme, et il fait déjà très chaud. Nous glissons doucement sur les eaux pour nous enfoncer un peu plus entre les montagnes. Entre ombre et soleil, l’eau est parsemée de touffes de lotus roses, quelle beauté !

 

 

Nous croisons d’autres barques, mais aucune ne sera occupée de touristes. Des hommes au travail, ou en pause, cigarette au bec, laissent passer le temps dans ce silence impérial.

 

 

Notre navigateur nous emmène tranquillement droit dans le mur. Et voici que nous nous enfonçons dans une grotte au plafond couvert de stalactites qui gouttent sur nos épaules. Des chauves-souris, à la vue de la lampe torche qui éclaire la cavité, s’envolent à notre passage. Il fait intégralement noir et nous penchons nos têtes pour ne pas se cogner. Et lorsque la lumière apparaît, nous découvrons une autre baie.

 

 

Et puis une deuxième grotte, avant de refaire le chemin en sens inverse. Nous sommes ravis par cette nature enchanteresse. Et ce calme, et cette solitude. Nous n’aurons croisé personne, si ce ne sont les locaux dont les habitations longent parfois le bord.

De nouveau sur deux roues, nous poursuivons notre visite de la région malgré la chaleur écrasante. Nous roulons parmi les mers de rizières que quelques montagnes rondouillardes viennent piquer. Complètement écrasés par ce soleil qui a raison de nous, on s’arrête en chemin pour une bonne boisson et un tant espéré ventilateur à nos côtés. Loin de nous l’idée de penser qu’un ventilateur en extérieur balaie bêtement les courants d’air, car courant d’air il n’y a pas. Ce ventilateur, que l’on retrouve partout, d’une rue bondée d’Hanoi à une simple cabane en bois à la campagne, est un moyen de survivre, ou de sécher nos vêtements. Ainsi, on alterne entre une inondation permanente de nos corps, et un air électrique pour pallier au naturel, afin de sécher.

De retour au homestay, nous optons pour un repas local froid et léger, le fameux Bánh mì. Croisé avec nos ingrédients français, celui-ci s’apparente fortement à notre sandwich baguette. Tout à fais adapté aux conditions climatiques, savoureux et économique.

Lorsqu’on se lève tôt, la journée s’étire. Comme moi après ma sieste digestive. Vers 15h30, nous quittons notre chambre climatisée pour un nouveau parcours sportif dans un four. Direction Mua Caves, pour une vue incroyable surplombant la région. Après avoir navigué au cœur de la baie, voici une autre manière d’admirer le paysage alentour. Vue d’en haut. L’entrée est digne d’un petit Disneyland, avec ses petites cabanes en faux bois, et autres faux bassins d’eau qui longent le parcours avant l’ascension. Presque 500 marches à grimper. Sous cette chaleur, nous sommes tous dégoulinants et fatigués à l’arrivée. Mais quel spectacle. La vue est imprenable et on comprend pourquoi l’endroit est surnommé comme sa plus célèbre congénère Ha Long.

 

 

Ce n’est que sur le chemin du retour, sur route nationale que nous remarquerons un sublime coucher de soleil. Ceux qui sont restés sur la falaise à ce moment-là ont eu certainement un ciel incroyable et un souvenir mémorable. Nous arrivons trop tard chez nous et nous ne verrons qu’une légère teinte rosée au bord du petit lac en face de notre homestay. La douche (abominablement chaude) et la bière (agréablement fraîche) ont terminé cette longue journée et ce très agréable séjour dans la région. Demain, nous changeons de cap !

6 thoughts on “L’autre baie d’Ha Long

  1. Vos “cartes postales” de la région ne laissent planer aucun doute sur son envoutante attractivité.

    Il s’en dégage une certaine nonchalance probablement due à l’étouffante atmosphère,
    et comment ne pas rester “scotchés” après une immersion dans ce milieu aussi déroutant qu’exotique ?

    Vous traversez des paysages plus splendides les uns que les autres et semblez divaguer, sous de brèves et violentes averses,
    entre l’inextricable agitation urbaine et l’infinie langueur campagnarde !
    Alors bonne trempette puisque vous avez tout le temps d’en profiter … et qui sait, peut-être nous laisserons nous tenter par l’aventure (?)

    1. La beauté des paysages se contemple dans la lenteur à cause et aussi grâce aux conditions climatiques ! Nous avons eu en effet un très bon a priori du Vietnam, que nous poursuivrons dans quelques semaines, en allant à l’extrême nord du pays 🙂

  2. Ce n’est qu’aujourd’hui que je découvre la possibilité de suivre votre périple… autant dire que j’ai pris un peu de retard, d’autant que la richesse des commentaires et la qualité des photos méritent qu’on s’y attarde.
    Je trouve ça d’autant plus intéressant que j’ai visité le Rajasthan, le Népal, Java et Bali, et le Vietnam du sud au nord. Et je me retrouve bien dans vos propos et images même si je l’ai fait dans des conditions moins aventureuses et plus confortables (question d’âge sans doute !).
    Est-il prévu de faire une publication de tout cela à votre retour ? Ca se justifierai pleinement !
    Profitez bien et continuez à publier car c’est un vrai bonheur.

    1. Merci beaucoup pour ce gentil commentaire Jean-Patrick !
      Nous pensons en effet faire un “livre souvenir” des articles et photos de notre blog pour avoir un souvenir papier de notre périple, que l’on pourra tenir physiquement entre nos mains des années plus tard 🙂
      Je suis ravie de lire que nos propos font échos à tes souvenirs de voyage, nous retrouvons tous des similitudes et des anecdotes qui font échos à notre vécu, même si les conditions peuvent diverger 🙂

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