Bukittinggi et le charme de la vallée d’Harau

Notre arrivée matinale à Bukittinggi arrive à point nommé. Nous sommes fatigués, et nous arpentons les rues bruyantes de la ville à la recherche d’une Guesthouse au prix abordable. Le couple hispano-colombien que nous avons rencontré la veille nous suit et nous sommes donc 4 à demander une chambre. Pas si simple, celle que nous convoitons est déjà pleine et nous essuyons quelques refus du même genre par la suite. Enfin, une chambre s’offre à nous et nos routes se séparent : l’autre couple part à la recherche d’une chambre moins chère que la nôtre, et nous les verrons plusieurs heures durant à la recherche de la perle rare. Avec une nuit blanche dans les pattes dans un bus discothèque et clopes à volonté, nous n’aurions pas eu le courage !

Bukittinggi est une grande ville, vivante et bruyante. Plus que nous l’espérions. Au détour de notre balade, nous verrons la grande place de la Clock Tower, étonnamment surpeuplée, de jour mais surtout de nuit. De nombreux stand de nourriture et autres restaurants l’entourent, expliquant peut-être ce fourmillement constant.

Nous découvrons par la suite l’immense marché de cette ville. Des mini ruelles s’entrelacent dans un labyrinthe semble-t-il interminable, et nous prenons plaisir à nous y perdre, nos sens constamment sollicités.

 

 

Marchands de poissons frais, ou de poissons séchés, ou bien des boucheries aux odeurs écœurantes présentant absolument tout ce qu’un bœuf peut offrir, attisent grandement notre curiosité. Des côtes, des pieds, des queues, des langues, des abats sanguinolents et surtout une pyramide de yeux de bœuf posés négligemment sur le comptoir… nous sommes parfois au bord de la nausée, entre la vision et l’odeur d’un spectacle qui nous est plutôt étranger, parisiens que nous sommes.

 

 

L’ambiance est joyeuse sur les étales et les marchands sont vraiment charmants. Nous sommes l’attraction à chaque coin de rue. Beaucoup souhaitent être pris en photo avec leur trophée (gros poissons, ou gros morceaux de viande), au grand plaisir d’Alexis qui n’aura aucun effort pour obtenir de jolis portraits.
Les stands carnés et marins sont tenus par les hommes, les femmes se chargent des stands fruits/légumes, et pâtisseries. Nous goûtons ainsi quelques spécialités sucrées, absolument divines, à base de coco. Tout ce qui est possible et imaginable se trouve sur les étals, de la nourriture aux ustensiles de cuisine en passant par n’importe quel gadget. Un souk à la marocaine en somme.  Nous y retournons ainsi deux fois tant c’est agréable. Un spectacle constant et des sourires à chaque croisement de regards.

 

 

Deux jours plus tard, nous rejoignons la vallée d’Harau. Nous avons réservé une petite cabane dans un charmant lodge, adulé par toute personne s’y étant arrêtée. Mais il nous reste une nuit à tuer, et nous souhaitons quitter Bukittinggi. Nous couperons le voyage en deux et nous nous arrêtons malheureusement dans une grosse ville sans intérêt, Payakumbuh. Il nous est très difficile de trouver un endroit où dormir. Aucun touriste ne s’arrête ici, et vraisemblablement aucun local non plus, à moins d’y habiter.
On trouvera finalement un hôtel. Le propriétaire se fait un plaisir de nous proposer un prix démentiel pour une chambre miteuse. Et oui, il sait bien qu’on ne trouvera rien d’autre…  il est toujours charmant de constater que l’entraide entre semblables peut parfois être “subtilement” balayé par le sens commercial et l’appât du gain ! Et tout cela, avec un grand sourire évidemment (il peut en effet être satisfait de nous avoir fait payer presque 3 fois le prix local).

Le lendemain, avec grande hâte, nous atteignons, chacun sur une moto-taxi, la charmante vallée d’Harau. Sur la route déjà, cheveux au vent, je m’émerveille devant ses rizières, ses palmiers et ses immenses falaises qui les surplombent. Des nuances de vert à n’en plus finir. L’arrivée à notre lodge fut un vrai coup de cœur.

 

 

Mêlés dans le paysage, quelques chalets privatifs sont parsemés au milieux de la vallée. Quelques petites rivières artificielles bordent les habitations, et le chalet que nous choisissons est entouré d’eau et de poissons. Juste derrière, une immense cascade offre une chouette berceuse.

 

 

Le cadre est sublime, nous sommes aux anges. Nous fêtons ça jusque tard et nous nous réveillons en petite forme !

 

 

Petite balade à notre arrivée, pour admirer les alentours. Non loin de là se trouvent quelques cascades que nous atteignons à pieds, et nous sommes bien les seuls. Un défilé de scooters et de grosses voitures s’approche de la zone touristique. Les indonésiens effectuent le moindre trajet en scooter et nous serons toujours perçus comme des originaux de n’être équipés que de nos pieds pour nous déplacer.

 

 

Difficile de rater l’approche de la fameuse cascade principale. Des stands de nourriture, de jus de fruits et autres glaces en tous genres habitent les alentours. Et cela attire la foule, qui se presse en masse pour une glace dont la taille est digne d’un format familial, des bananes frites et des jus de fruits qui n’ont “d’healthy” que le nom. Pour en avoir acheté un pour deux (heureusement), il s’agit d’un jus de deux petites oranges, plongées dans des glaçons, avec du lait concentré, trois énormes cuillères de sucre et du sirop de caramel sur le dessus. Comment ne pas devenir grassouillet avec une nourriture si grasse et si sucrée ?

Les abords de la cascade sont jonchés de déchets plastique. On en verra même une montagne dans une rivière, cachée “discrètement” derrière les quelques arbres qui bordent la route. Un immense varan (très gros lézard) sort la tête de l’eau et détruit la pyramide de déchets, le spectacle est dépitant. Tout est jeté par terre : les bouteilles plastiques, les gobelets pour les jus de fruits (auxquels ils ajoutent un couvercle, une paille et un sachet plastique pour le porter plus facilement), les cigarettes, les sacs plastiques… les bords de routes ne sont pas loin de la poubelle à ciel ouvert.

Notre deuxième balade sera bien plus longue car nous marchons 20 kilomètres dans la vallée. Nous avons traversé de charmants petits villages où nous sommes à chaque fois les stars. Un peu comme en Inde, mais avec plus de sourires, et surtout beaucoup plus de politesse ! Les gens sont accueillants et chaleureux. Nous traversons les plantations de riz et observons les travailleurs en pleine récolte. A mon grand regret durant cette randonnée, je croiserai de nouveaux le passage de certains chiens un peu trop curieux.

 

 

Sur le point de nous perdre en pleine nature, rebroussant chemin après un moment à marcher dans des sentiers à peine perceptibles, nous croisons avec joie un jeune homme qui nous guide enfin vers la fin de notre périple, une cascade. Absolument pas touristique cette fois-ci car cette cascade n’est atteignable qu’à pieds, nous profitons d’une baignade cachée où je pourrai me baigner sans être habillée de la tête aux pieds. Religion musulmane oblige, la vision du corps de la femme ici n’est pas la bienvenue.

 

 

Nous rentrons fatigués de notre périple. Le lendemain, nous quittons ce havre de paix où nous avons si bien mangé. Nous avons enfin choisi notre prochaine destination. Après multiples hésitations, nous n’irons pas aux Sulawesi. L’obtention d’une prolongation de visa en Indonésie étant un peu complexe et quelque peu repoussante, nous refusons de prendre des avions pour aller loin, juste pour aller loin. Nous ne savons pas ce que nous ratons mais nous prenons le chemin le plus évident, et nous descendons Sumatra pour atteindre Java en bateau.
Mais Sumatra, c’est grand, c’est immense. Alors, nous ferons une escale à Krui, petit village de pêcheurs, paradis des surfeurs, cet endroit semble éloigné des destinations touristiques habituelles. Et elle nous permet surtout de couper cet interminable trajet qu’il nous reste à parcourir pour rejoindre Java !

 

Laura B.

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