Dans les méandres du delta du Mékong

Guéris de nos maux, nous quittons enfin notre chambre d’hôtel à Vinh Long, que nous ne connaissons que trop bien, du sol au plafond. Marre aussi de cette nourriture monotone aux touches asiatiques que je ne supporte presque plus. Seuls les fruits redonnent le plaisir de manger, et la pastèque aura fait l’effet d’un médicament gorgé de vitamines et d’eau sucrée.

Nous restons dans les environs, pour explorer cette région luxuriante du delta du Mékong, et nous jetons notre dévolu sur un hôtel en pleine campagne, en dehors de Can Tho, la ville principale des environs. Les petits bungalows privés avec balcon donnant sur la rivière sont charmants, et les repas sont enfin savoureux !

 

 

Nous nous laissons ainsi séduire par les excursions proposées par l’hôtel. Le lendemain matin avant l’aube, pour une somme conséquente, nous partons en bateau directement depuis le ponton de l’hôtel, avec quatre autres touristes. Nous allons voir le marché flottant de Can Tho. La balade sur l’eau, lorsque la nuit passe le relai au soleil levant, est charmante… Et puis le bateau s’arrête : un sac plastique s’est coincé dans la petite hélice de la barque, nous empêchant d’avancer. Le premier d’une longue série ! La pollution plastique (et autre) au Vietnam (et dans beaucoup d’autres pays de l’Asie du Sud Est) est une véritable maladie qui se propage aussi vite que la gangrène. Le Mékong et ses nombreux affluents, aussi étroits soient-ils, sont habités par une faune qui manque de charme et nous regardons cette poubelle d’un air désolé. Le sachet plastique retiré de l’hélice ne sera pas jeté à la poubelle, car il retourne directement d’où il vient. Consternant.

 

 

Vers six heures du matin, nous arrivons sur un bras du Mékong bien plus large, et c’est ici que se passent les transactions du marché flottant. Tous contents, nous espérons y voir d’innombrables barques, avec des jolies dames aux chapeaux coniques passer le bras d’un bord à l’autre pour échanger fruits, légumes, riz, soupes et autres mets fumants… Ce sera plutôt de gros bateaux qui s’échangent de la marchandise en quantité conséquente. Une pile d’ananas par ci, des breloques par là. Perchés sur le bateau, tout en haut d’une grande tige sont accrochés les produits vendus pour être visible de loin, un peu à la manière d’un panneau d’affichage permettant d’attirer le chaland. Une banane, un ananas, ou une pastèque peuvent donc être suspendus à quelques mètres de haut, pour informer l’acheteur. Nous tournons ainsi plusieurs fois entre les bateaux, ce qui permet de faire des photos de tous les côtés, mais nous sommes plutôt déçus du rendu. Le marché flottant que l’on voit dans les agences de voyages ou sur internet ressemble à un attrape-touriste qui n’a plus lieu à notre époque. Rares sont les barques qui permettent effectivement de faire vivre les locaux qui peuvent tout à fait emprunter la route longeant le fleuve.

 

 

Et justement, pour quand même avoir cette belle image de carte postale, nous nous arrêtons à un deuxième tout petit marché flottant, un peu plus loin sur les eaux, pour prendre le petit-déjeuner à même notre embarcation. Ici, on trouve les jolies barques bien achalandées de nombreux fruits, et les couleurs sont chatoyantes. Peu d’authenticité ici, les locaux espèrent y vendre des cafés glacés aux touristes. Mais c’est vrai que le spectacle est tout de même charmant.

 

 

Nous poursuivons notre balade par un arrêt sur terre, à la découverte d’une fabrique de chocolat. Sans grand intérêt, cela nous permet néanmoins de manger et de boire du chocolat, ce qui ne nous est pas arrivé depuis un moment. Et d’en acheter aussi, parce que ça fait trop plaisir d’avoir une saveur en bouche qui n’a pas le goût de la coriandre, du nuoc-mâm, du soja, du riz ou encore de la citronnelle. Vraiment. Je suis arrivée au point, connus de tous les voyageurs au long cours, où je ne peux plus supporter la nourriture que l’on me propose. Je termine difficilement mes assiettes, et parfois même si j’ai faim, l’idée de me retrouver devant un bol de vermicelles de riz-coriandre-cacahuète-sauce nuoc-mâm coupe tout à fait mon entrain. Et pourtant, qu’est-ce qu’on aime manger ! Me font rêver tous les plats que je ne mange pas en France mais qui ici changent complètement les habitudes. Bonjour aux burgers, aux pizzas (j’ai toujours adoré ça, mais ici c’est presque toujours une grosse erreur), et surtout quand c’est possible, un gros morceau de bœuf saignant avec des patates ! Difficile de comprendre pourquoi la pomme de terre ou les lentilles, produits pauvres par excellence, n’apparaissent dans aucun plat, à la différence des régions très pauvres d’Inde où ces ingrédients sont la base de presque tous les plats. Et il faut ajouter que la région sud du Vietnam offre beaucoup moins de diversité culinaire que le nord du pays. Le riz, sous toutes ses formes, est donc l’ingrédient phare, si ce n’est l’irremplaçable. Je remercie le reste d’une influence française passée et toujours validée par les locaux qui en mangent à toute heure : le banh mi, ce fameux sandwich baguette. Simple, frais, il déçoit rarement.

Revenons sur l’eau. Après la fabrique de chocolat, nous poursuivons notre balade. Il fait chaud. Deuxième arrêt sur terre, à la découverte cette fois d’une usine de RIZ… à la bonne heure ! Et en fait, d’usine il ne sera pas question. Plutôt une boutique de souvenirs sans grand intérêt. Après plus de six heures de balade, Alexis et moi rêvons de rentrer à l’hôtel, déçus par cette excursion, la plus chère que nous nous ayons offerte et qui restera un piètre souvenir, voire un oubli immédiat.

 

 

L’hôtel étant plutôt réputé et apprécié des touristes, nous ne pourrons pas rester une nuit supplémentaire. Nous quittons donc la campagne pour séjourner directement dans la ville de Can Tho. Bien plus grande que Vinh Long, Can Tho est la cinquième plus grande ville du Vietnam avec plus d’un million d’habitants. Ville plutôt moderne, la rivière Hau, qui la longe, est bordée d’une grosse allée piétonne où se baladent les locaux en goguette. On y trouve des bars sur le toit des gros hôtels, permettant à la jeunesse dorée de boire un verre, smartphone à la main. Les conversations semblent appartenir à des temps anciens, et il n’est pas rare de voir des couples, autour d’un verre (payé plus cher qu’ailleurs), chacun le nez dans leur téléphone, sans s’adresser une parole. De l’argent bien dépensé et une soirée inoubliable en perspective.

Dans cette ville, nous trouvons LE restaurant à la fois local et occidental à prix tout doux. Jetant notre dévolu sur une bavette avec une excellente purée, nous décidons de passer un jour de plus ici rien que pour pouvoir remettre le couvert le lendemain. Douce France, chère cuisine de mon enfance...

Le delta du Mékong nous a davantage séduit sur le papier que sur le terrain. Nous n’avions pas les meilleures conditions avec nos problèmes de santé pour en profiter au mieux, mais le sud du pays est une petite déception en comparaison au sublime grand nord et au charme des côtes au centre du pays. C’est décidé, nous repartons donc sur les îles, pour notre dernière escale au Vietnam. Un au revoir, que nous espérons teinté de plages abandonnées, coquillages et crustacés.

 

Laura B.

One thought on “Dans les méandres du delta du Mékong

  1. Les voyageurs sont éprouvés et maintenant souffrent de leur handicap Français : la gastronomie.
    C’est inévitable.
    Il est temps que vous franchissiez une dernière fois cette frontière.
    Votre histoire avec le Vietnam est consommée.
    Le Cambodge vous tend les bras.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *