En boule, blottie dans le siège du bus qui ne fait malheureusement pas couchette, il est cinq heures du matin lorsque le bus s’arrête et se transforme en boîte de nuit. Boule disco projetant ses lumières sur les sièges et les tables de notre “petit salon” pour quatre, le bus crache sa sono à fond la caisse et réveille ceux qui n’avaient pas encore quitté Morphée d’une sensation proche de la crise cardiaque. Une minute de plaisir, puis plus rien. Pourquoi un tel vacarme ? Les lumières s’éteignent et le calme digne d’une heure si matinale reprend son cours. Vers huit heures à Krabi, une heure après avoir attendu au café où la compagnie de bus nous a déposé, nous prenons un mini van direction Ao Nang, la côte. Nous rejoignons ainsi par long tail boat (bateau à longue queue, nom donné par sa forme) la plage de Tonsai.

 

 

A bord du bateau, le paysage devient de plus en plus magnifique. Les falaises karstiques, admirées auparavant au Vietnam, plongent désormais dans l’eau limpide de la mer d’Andaman. Pieds nus dans l’eau, nous regagnons la terre ferme avec nos gros sacs à dos. Objectif suivant : trouver un endroit où dormir. Tonsai beach est relativement calme. Espérant avoir plus de choix, nous crapahutons quelques minutes sur un chemin entre les rochers, gros sacs sur le dos, 35°C sur les épaules, pour atteindre l’autre plage, Railay beach. Beaucoup plus peuplée, elle accueille également une clientèle beaucoup plus aisée. Alors que Tifaine et Alexis nous attendent avec les sacs à la terrasse d’un café sur la plage, nous arpentons les petites ruelles intérieures avec Tanguy, dans l’espoir d’y trouver une bonne affaire. Une accumulation sans fin de restaurants et de boutiques de souvenirs ne laissent pas de place à une éventuelle Guesthouse au prix abordable. Pour dormir, il y a les resorts. On passe donc notre chemin, faisons tous les quatre demi-tour et revenons à Tonsai beach. Cette fois, notre recherche sera fructueuse et en fonction du budget de chacun, Alexis et moi auront un petit bungalow en bois un peu reculé, et Tifaine et Tanguy auront la variante plus chic en béton. Tout le monde est content. Il faut dire que depuis notre arrivée en Thaïlande, Alexis et moi sommes abasourdis par les tarifs. De loin le pays le plus cher de l’Asie du Sud-Est, et malgré un budget plus conséquent (grâce à nos économies faites au Laos), nous peinons à vivre normalement sans regarder sans cesse au porte-monnaie. Nous qui pensions pouvoir se faire plaisir et se permettre quelques craquages pour notre fin de voyage, nous sommes franchement déçus ! Quand la vie est au moins deux fois plus chère que dans les pays voisins, il faut revoir le budget.

Tonsai beach est un endroit magnifique et un paradis pour les amateurs (confirmés) d’escalade. Grimper sur les falaises, nez au ciel ou tête renversée, puis terminer pieds dans le sable ou dans l’eau, voilà qui explique la popularité du lieu pour les grimpeurs. L’ambiance est donc sportive, pour les autres ! Nous passerons de notre côté ces deux jours entre baignades, discussions sans fin, et rendez-vous pour le coucher du soleil, pieds dans le sable, bière à la main.

 

 

Quand il ne s’agit pas d’escalade, l’ambiance est proche de l’école du cirque. Quand on n’escalade pas les rochers, on grimpe sur les épaules du voisins pour épater la galerie. Le soir venu, notre auberge se transforme d’ailleurs en spectacle pyrotechnique, bolas ou bâton en feux maîtrisés habilement pour le barman (ou les touristes expérimentés) au son d’une musique entrainante. Si ces activités me semblent d’une autre époque (juvénile), il faut reconnaitre la maîtrise et la beauté des gestes lorsque la pratique demande surement des années de travail.

Deux jours et trois heures plus tard, nous voici à Koh Lanta. Loin des Robinson Crusoé de comptoir que l’on voit à la télé, cette île dont est tiré le nom de l’émission est grande, peuplée et bétonnée. Alexis propose au hasard, par la petitesse de la plage et de son nom enchanteur, que l’on y cherche un logement. Bienvenus à Relax Bay. Petit paradis, on est séduit. Et voici que deux bungalows sont disponibles pour un prix incroyablement honnête pour le pays. Banco ! A nous la belle vie. La vie sur la plage n’a besoin de rien pour être parfaite. Nous y resterons quatre jours.

 

 

En scooter, nous nous baladons au sud de l’île en longeant la côte. La route est sinueuse et escarpée, il est nécessaire de prendre son élan avant une côte raide pour éviter de la terminer à pieds (coucou Tifaine). Les plages se succèdent, et nous les découvrons avec le même plaisir, profitant de la fraîcheur de l’eau pour faire baisser le thermomètre quelques instants.

Qui dit Koh Lanta, dit snorkelling. Les petites îles à son abord sont réputées pour y observer le milieu aquatique vivant et chatoyant. Notre long tail boat privé est réservé pour une journée complète le surlendemain.

En attendant, ce soir c’est fiesta ! Plage, bon restaurant et balade en ville jusqu’à atteindre le bar festif. Si l’entrée est payante et plutôt chère, nous comprendrons rapidement pourquoi. Ce soir, Job 2 Do, célèbre groupe reggae originaire de Krabi, sont sur scène. L’ambiance est festive et nous sommes nombreux à applaudir le groupe. Alexis et moi sommes surpris de connaître son morceau le plus célèbre, déjà entendu à plusieurs reprises sur FIP. Et lorsque les jours suivants, nous fredonnerons tous les quatre cette chanson (qui reste en tête pour la journée) les thaïlandais, ravis, enchaineront avec la suite des paroles, imprononçables pour nous. Après le concert, nous embarquons dans un tuk-tuk pour retourner à notre hôtel. Sûrement aviné ou défoncé, le conducteur poursuivra sa route à condition qu’on lui offre une bouteille de bière. Un carburant comme un autre ! Serrés tous les quatre, les mains baladeuses du conducteur en prime, le voyage aurait été certainement moins bien perçus si nous n’avions été que deux. En plein milieu de nulle part, le conducteur s’arrête. Il nous faudra insister pour qu’en fait, il fasse demi-tour. Nous étions parti dans la direction opposée de notre hôtel ! Lorsque l’on regagnera la plage pour un bain de nuit au clair de lune, le conducteur du tuk-tuk restera assis dans le noir, un peu en retrait, pour finalement se décider à partir bien plus tard.

Notre journée snorkelling démarre depuis l’hôtel où nous regagnons le port. Notre bateau est prêt, avec son conducteur et un autre monsieur qui s’occupera du bon déroulement de la journée. Direction les îles Trang. Petit archipel avec eau turquoise et poissons colorées par centaines. Nous avions une seule demande : être les seuls sur les différents spots de snorkelling. Et nous sommes contents car nous nous nous retrouvons toujours en décalés, profitant ainsi de moments privilégiés entre nous, les coraux et les multiples poissons. Arc-en-ciel, jaune et noir, poisson coffre, poisson clown… nous en prenons plein la vue et c’est génial !

 

 

Nous n’évitons pas la foule au seul endroit un peu trop réputé, Emerald pool, une plage atteignable uniquement à la nage, en traversant une grotte de quelques mètres. La plage est en effet dans un cadre idyllique : minuscule plage se terminant par la jungle au sein d’un puit de lumière pour éclairant l’eau turquoise. Sublime mais bondé. Nous passons rapidement notre chemin.

Le midi, le conducteur et l’organisateur nous prépare un repas sur la plage, avec dégustation de pastèque et d’ananas sur le bateau. L’eau est aussi belle que sur les cartes postales. Le superbe cliché de l’île paradisiaque se trouve devant nos yeux émerveillés ! Dernière session snorkelling, nous longeons la barrière de corail et les couleurs sont vraiment chouettes. Le paysage sous-marin est riche et nous pourrions passer des heures à l’observer. Nous rentrons à l’hôtel en fin d’après-midi, bien rougis par le soleil et fatigués.

 

 

Les couchers de soleil de Koh Lanta rythment agréablement notre séjour et le temps passe vite et lentement. La définition de la douceur de vivre où le temps n’a pas de prise dans nos esprits… cette apesanteur est un luxe que je n’ai pu ressentir qu’en voyageant si longtemps !

Pour l’instant, nous sommes quatre et le rythme doit s’accélérer gentiment. Direction Koh Lipe pour les deux derniers jours ensemble, à quelques heures de bateau, perdus dans la mer d’Andaman.

 

Laura B.