Sumatra … Java, l’amour, l’eau fraîche et basta

Dans notre side-car, nous entamons, nez au vent, notre épique trajet vers le sud de Sumatra. Une camionnette nous conduit cinq heures plus tard à Padang. Une escale d’une soirée où nous ne goûterons pas une énième fois la spécialité locale : assortiment de plats froids posés sur la table, seul l’accompagnement (riz évidemment) sera servi minute et donc chaud. J’imagine aisément les problèmes d’hygiène que peuvent comporter cette tradition. Chaque table est agrémentée d’une dizaine d’assiettes dans lesquelles sont servies une portion de poisson, de poulet, de boeuf … froid puisque posé ici depuis un, deux, trois jours, que sais-je, et resservi pour les prochains clients qui auront la joie de retrouver sur leur table ce que nous avons dédaigné goûté avant eux. Mais pas de panique, le mélange d’épices qui recouvrent ces aliments leur permet une conservation pour des semaines !

Ce soir en revanche, nous goûtons notre meilleur repas indonésien. Du mérou et du crabe, des sauces et des curry divins. Parfait pour anticiper le long trajet qui nous attend. Car le lendemain midi, nous montons dans un bus pour 17h de trajet (musique à fond non-stop comme d’habitude en Indonésie, nuit blanche assurée). Sitôt descendus, nous enchaînons 9h de bus supplémentaires et nous voici enfin à Krui. Ces 30 heures de trajet (pour une distance loin d’être excessive) auront justifié la douche immédiate et la glandouille du lendemain.

 


Krui, pêche et traditions

Krui est un village de pêcheurs. C’est aussi un spot de surf réputé et le tourisme de la région ne tourne qu’autour de cette activité. Pour nous, c’est surtout une bonne escale pour couper la descente jusqu’au sud de Sumatra. Nous passons quatre jours au calme. Les ruelles autour du petit port font penser à un village reculé où nul touriste ne vient mettre son nez.

 

 

Les surfeurs ne vont que sur les plages où prendre la meilleure vague mais ne s’aventurent guère dans les « terres ». L’atmosphère y est détendue et les locaux sont toujours ravis de nous voir arriver. Bien qu’ils soit difficile de communiquer, les sourires et les franches rigolades suffiront à créer un langage agréable.

 

 

Cette fois, nous acceptons la proposition de notre hôte et prenons un scooter pour nous balader sur la côte. La plage qui borde le village ne permet pas franchement (en tout cas pour moi) d’aller me baigner en maillot de bain. Les locaux se pressent autour de nous, et les regards sont insistants, suffisamment pour m’ôter le plaisir d’une baignade. Je demande à notre hôte s’il est permis de se baigner sans être couverte de la tête aux pieds, et après sa confirmation, nous partons ainsi trouver une plage à l’abri des regards pour assurer le coup. Nous trouvons un restaurant isolé qui abrite une plage déserte. Banco ! Le courant et les vagues sont fortes, et le sol est jonché de rochers… je reste sur le bord.
Après quelques minutes, allongée sur ma serviette, j’aperçois la jeune fille du restaurant adresser quelques mots à Alexis. Lorsqu’il revient, le verdict est sans appel, et je dois me rhabiller pour ne pas perturber le désert ambiant. Remballez ce bikini et cachez ce corps de femme que l’on ne saurait voir… Alexis est désolé de pouvoir porter sans problème son short de bain alors que c’est si compliqué pour ma part, religion musulmane oblige. Je suis plutôt déçue et pas vraiment compréhensive de cette restriction, alors même que nous nous sommes volontairement installés à l’abri des regards. Le joli coin de paradis perd soudainement son charme, et j’oublierai définitivement l’idée de profiter du bord de mer dans les environs.

 

 

Le coucher de soleil de la côte ouest est magnifique. Nous le contemplerons quelque fois depuis le port, d’autres fois depuis la plage près de notre auberge.

 

 

L’air marin apporte sa fraîcheur bienfaitrice à la tombée de la nuit et nous mangerons toujours au bord de l’eau, dans une chouette guinguette. Le temps s’écoule tranquillement jusqu’au moment de poursuivre notre route vers le sud, pour rejoindre enfin Java.

 

 


L’expérience du jeûne

Entre-temps nous est venu un nouveau challenge. Depuis quelques années, sans jamais trouver l’occasion, nous souhaitions faire un jeûne. Voir ce que ça fait d’être privé de nourriture, de ne boire que de l’eau. Pour ce faire, nous avons réservé un hôtel confortable avec piscine à Yogyakarta (au centre de Java), afin de vivre littéralement d’amour et d’eau fraîche, mais dans un univers douillet.

La veille de notre départ de Krui, nous décidons de ne manger que le midi. Dès le soir, nous consommons uniquement deux avocats (absolument immondes) et de la mangue. Le lendemain, nous entamons notre périple jusqu’a Jakarta en bus, puis en bateau. La trajet fût long et éprouvant. Nous poursuivons notre régie 100% fruits afin d’habituer petit à petit notre corps à moins manger, jusqu’à ne plus manger du tout. Nous savons qu’un jeûne se prépare, et se termine par étapes.

Nous arrivons en pleine nuit à Jakarta. Douche et dodo, il est 5h du matin, le jour se lève et nous nous glissons dans nos draps.

Jeûne – Jour 1

Un jus de citron chacun pour le réveil, et basta. Le jeûne est pour nous une expérience intéressante qui bouleverse complètement notre quotidien. Ceux qui nous lirons le savent, nous adorons manger. On en parle beaucoup, nous faisons marcher notre imagination pour inventer de nouvelles recettes meilleures que les précédentes et nous cuisinons (surtout Alexis) quotidiennement. Depuis le début du voyage, nous ne pouvons plus cuisiner. Mais cela n’empêche pas de rester gourmands et alertes sur les spécialités locales (plus ou moins savoureuses).
Manger donne un rythme. C’est le premier constat. Sans manger, et surtout dans une ville inintéressante comme Jakarta, le temps est beaucoup plus étiré. La pause repas donne une direction à suivre, et la recherche d’une bonne adresse au hasard des rues est une balade en soit. Sans manger, le temps est long, et la faim s’installe tranquillement dans nos ventres et nos esprits.

Jeûne – Jour 2

Jus de citron au réveil. Départ en train pour Yogyakarta. C’est dans cette ville que nous prolongerons notre visa d’un mois supplémentaire. A l’approche de midi, le wagon de train se remplit de nourriture rapportée par les passagers depuis le wagon restaurant. Nous avons toujours faim, c’est plus pénible avec les sens visuels et olfactifs en action.
Le soir, nous arrivons dans notre très charmant hôtel. La piscine et le jardin sont très jolis, la chambre est bien plus confortable que nos habitudes de backpackers. Le thé et le café sont gratuits, c’est le seul “petit plaisir” (sans sucre) que l’on s’accorde avant de terminer ce deuxième jour de jeûne.

 

 

Jeûne – Jour 3

Jus de citron au réveil. Journée calme au programme. Nous regrettons de ne pas profiter du petit-déjeuner offert par la maison et nous commandons notre thé/café sans sucre dans le jardin. Alexis n’a pas dormi de la nuit. Il est parti tôt le matin faire quelques photos, espérant ainsi se fatiguer davantage. C’est plutôt réussi pour la fatigue mais pas pour la sieste. Il se sent faible et a quelques vertiges lorsqu’il se lève un peu trop rapidement.

Le lendemain, nous avons prévu de voir le lever de soleil au temple de Borobudur. En se baladant dans les ruelles près de notre hôtel, nous constatons tous les deux, hormis la faim qui nous tiraille (nous ne pensons littéralement qu’à ça), qu’il sera peut-être un peu compliqué de visiter le temple le lendemain avec si peu d’énergie. Notre départ étant prévu à 3h30 de l’hôtel, nous ne dormirons donc pas beaucoup avant, en plus de l’insomnie d’Alexis la nuit précédente. Alors que nous comptions tenir 5 jours, nous décidons dans l’après-midi de nous arrêter au bout de trois jours complet.
Ce soir à 19h, nous mangerons notre premier repas. Nous n’avons pas jeûné très longtemps donc nous ne jugeons pas nécessaire de reprendre nos repas en ne mangeant simplement que des fruits.

 

 

Nous aurions mangé n’importe quoi ce soir-là tellement nous avions faim, mais par chance nous avons trouvé une bonne adresse. Des portions de riz parfumé au coco, un peu de poulet, quelques légumes et chips… nous sommes ravis !

J’aurai pris plaisir à ressentir davantage mon corps et les sensations. Faire un jeûne implique de faire attention à soi, et ça fait du bien de s’octroyer cette écoute attentive et cette exigence. Peut-être aurai-je la force de prolonger un peu plus l’expérience une prochaine fois !

 


Yogyakarta, merci pour le Visa

J’avais lu que Yogyakarta était une ville agréable. Je ne comprends pas. Et pourtant, nous avons eu le temps de nous balader. 3 visites au bureau de l’Immigration sont nécessaires pour obtenir une extension de Visa. Cela permet d’aller se promener ! Je n’ai pas grand chose à en dire. Kraton, la ville du sultan, LE quartier touristique, n’est pas habitée, comme nous le pensions. Entre musée et bâtiments déserts, on a rapidement fait le tour de ce que nous avons jugé franchement inintéressant.

Notre visite à Borobudur au petit matin fût plus agréable. Arrivés de nuit, nous avons attendu sur les marches du temple que le soleil se lève au loin, entre les volcans. Nous étions nombreux, alors pour la quiétude spirituelle du lieu, on repassera. L’architecture est impressionnante.

 

 

Ces grosses cloches de pierre posées tout autour d’une autre plus imposante constituent le temple, sur plusieurs étages. On peut en faire le tour et admirer quelques sculptures. Au loin, on admire la brume déposée sur la nature environnante.

 

 

Et plus le jour se lève, plus les couleurs virent au doré, sublimant le lieu et la vue. L’endroit est assurément photogénique.

 

 

Et je suis surprise de constater que les photos que j’ai faites rendent un plus bel hommage au lieu que la réalité, dénaturée par le bruit et le nombre des touristes que nous sommes.

 

 

Le petit-déjeuner qui nous est offert dans cette “invitation”, offerte par les collègues d’Alexis, est un immense et délicieux buffet… Une fin de visite fort agréable, où nous avons pensé bien fort : quelle joie d’avoir arrêté notre jeûne hier !

 

Laura B.

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