Qui s’y frotte s’y pique

Alexis en rêvait, j’ai suivi. Partir en itinérant au cœur de Bali pendant une semaine ou plus, sac à dos, et marche à pied comme unique véhicule. Bali, c’est petit, il est donc facilement envisageable d’en entreprendre une partie à la marche, laissant ainsi de côté les contraintes liées aux transports. Alexis a tracé une boucle dans le centre de Bali où nous dormirons par étapes dans différents lodges. Les économies que nous faisons par la marche nous permettrons de dormir chaque nuit dans de beaux établissements sans entacher notre budget quotidien. Ce sera peut-être aussi et surtout une occasion de visiter Bali autrement et éviter le tourisme de masse qui pullule certaines région.

 

 

C’est donc baskets aux pieds, en ayant laissé la plus grande partie de nos affaires dans notre Homestay, que nous quittons Ubud. Si le départ se fait sur l’axe routier principal, avec ses nombreux scooters qui bourdonnent dans nos oreilles, nous trouvons rapidement des petits chemins très mignons, abritant de somptueuses villas à l’abri des regards et du brouhaha. La vue sur les rizières est charmante, cet endroit ressemble à un havre de paix pour touristes aisés en quête de spiritualité.

Nous traversons la rivière et un spot touristique ridicule et très « instagrammable », surnommé Bali Swing. Autrement dit, de gigantesques balançoires (pour adultes) sont placées devant des superbes rizières donnant l’impression de se balancer dans le vide, et pas n’importe quel vide, celui qui fera son plus grand effet et sa quantité tant espéré de « likes » sur la photo postée rapidement sur Instagram.
Instagram est devenu une attraction touristique en soi. Lorsqu’on regarde sur Internet les sites immanquables d’une région, on tombe rapidement sur des articles et même des activités touristiques payantes pour faire un séjour “instagrammable”. Aller visiter les endroits les plus photogéniques pour pouvoir les partager sur ce réseau social et espérer ainsi épater les copains, et par extension la terre entière, rêvant ainsi de faire monter sa cote de popularité (devenir célèbre et peut-être… « gagner sa vie » ?). Les lieux n’ont pas forcément besoin d’être dignes d’intérêt, et parfois il s’agit, comme on en voit régulièrement dans le pays, d’une jolie porte balinaise sculptée, qui n’est autre que l’entrée d’un parc de golf … triste visite, mais espérons que le cliché puisse faire baver ceux qui ignorent l’envers du décor.

 

 

Continuons la randonnée. J’admets volontiers que Bali au premier abord, m’apparait bien plus belle que ses copines Sumatra et Java. La végétation luxuriante qui se mêle aux rizières, au travers de laquelle passe une rivière fait de ses paysages quelque chose de poétique. Nous quittons les petits chemins pour regagner la route et son trafic. La peur de rencontrer des chiens agressifs ou collants avait quelque peu freiné mon entrain pour suivre le projet d’Alexis. Je poursuis donc ma route l’œil craintif et aiguisé. Jusqu’ici tout va bien.
Nous mangeons notre repas du midi dans un petit boui-boui accolé à un temple sur un petit lac. L’endroit ne manque pas d’être pris d’assaut pour que chacun puisse faire une photo de lui devant le temple. De notre côté, nous avons passé cette étape et nous n’aurons pas de cliché.

Au fur et à mesure que nous nous éloignons de Ubud, le trafic ralentit. Les villages sont très calmes. Chaque habitant, ou presque, possède son propre temple au sein de sa maison, et cela donne un air vraiment charmant à l’ensemble du village.
Si le trafic s’amenuise, la quantité de chien au mètre carré s’accentue, ma peur avec. J’ai lu beaucoup de choses sur Bali, mais personne ne mentionnait ces petites bêtes. Et pour cause, tout le monde, local ou touriste, utilise un scooter. Un chien n’aboie pas après un scooter, fin du problème. Personne ne marche ici. Nous sommes donc des proies facilement atteignables pour les aboiements intempestifs de chiens voulant protéger leur territoire. Même si le territoire s’avère être la route elle-même. N’ayant pas le choix, je prends sur moi à plusieurs reprises et me rassure en voyant des habitants dans les magasins attenants.

 

 

Nous ne sommes plus très loin de notre première étape. Nous avons réservé un bel hôtel avec piscine, j’ai hâte de tremper mes pieds dans l’eau après ces 13 km de marche. Nous sommes à quelques rues de l’hôtel, mais ce village est complètement infesté de chiens. Chaque habitant balinais possède un ou deux chiens. Ils leur servent de garde pour protéger leur maison, mais la plupart du temps, ils ne s’en occupent pas. Ce sont donc des chiens semi-errants dont personne ne se soucie. Pour moi c’est un cauchemar de les voir arriver dans notre direction en aboyant. Je me réfugie dans une minuscule boutique pour faire une « pause ». Les chiens m’attendent sur la route en aboyant agressivement. Je craque et m’effondre en larmes. Une gentille dame me propose d’éloigner les chiens pendant que je continue mon chemin. Nous arrivons enfin à l’hôtel, qui fort heureusement n’a pas son propre molosse pour protéger l’endroit !

Après ce fiasco, Alexis, énervé de constater que les chiens me posent encore problème, propose d’arrêter cette escapade. Nous ne profiterons pas de ce bel hôtel. Nous passerons l’après-midi, la soirée et la matinée du lendemain à nous faire la tête. Une dispute entre nous sur ce sujet n’est pas une première mais elle est toujours aussi pénible. On décide donc de laisser tomber, nous rentrons à Ubud. La marche à pied dans Bali n’est pas aussi belle que je l’aurai souhaitée. Alors qu’il n’y avait presque pas de chiens depuis le Népal, en Malaisie, à Sumatra et à Java, je retrouve ce problème ici (peut-être est-ce lié à la religion hindouiste et non islamiste ?). Plutôt que de marcher, il faudra peut-être envisager des déplacements, comme tout le monde, en scooter.

J’ai eu pour mission de trouver une alternative à cet échec. Après avoir lu plusieurs choses et regardé la carte, j’expose une nouvelle option. Dans deux jours, nous partirons faire ce que nous n’avions finalement pas répété depuis les îles Kapas à la suite de notre trek népalais : une petite île paradisiaque. En route pour les Gilis, nous posons nos sacs sur la troisième île, la plus proche de Lombok, Gili Air.

 

 

Avant cela, nous ferons la paix et fêterons notre sixième anniversaire le 20 Juillet. Au programme, massage traditionnel balinais et restaurant savoureux le soir. Il faut dire qu’à Ubud, c’est le paradis pour ces deux activités ! Les massages ne sont pas chers, et les restaurants sont presque tous délicieux. Nous passerons une belle soirée, et nous quittons le surlendemain notre Homestay et son, ridiculement trop mignon et toujours content, petit chien.

 

 

Le départ en bateau depuis Padangbai est bondé de touristes. La traversée est houleuse, au sens propre du terme. Nous sommes bien secoués ! L’escale à la première île, Gili Trawangan, nous rassure car presque tout le monde descend du bateau. Nous arrivons à Gili Air et apprécions la couleur turquoise de l’eau. Certes, c’est beaucoup plus peuplé qu’à Kapas. En revanche, j’apprécie déjà le retour du calme. L’île est non motorisée, les seuls moyens de transport sont le vélo et la calèche que les pauvres chevaux doivent trainer toute la journée. En fin de compte, l’île est si petite qu’il est inutile de louer un vélo, tout se fait très bien à pieds.

 

 

Première baignade, et premier tracas. L’eau est turquoise, on peut y admirer de jolis poissons. Il y a donc des coraux, même au bord de la plage et le sol n’est pas agréable pour s’y baigner. Alexis fait ainsi une douloureuse rencontre avec un oursin. En sortant de l’eau, on constate les dégâts, son talon est rempli d’échardes qu’il me sera impossible de retirer à la pince à épiler une fois de retour à l’hôtel. Les aiguilles son friables et se cassent automatiquement à l’approche de la pince. Nous allons donc trouver une pharmacie sur l’île et nous tomberons sur bien mieux que ça, une infirmerie. Alexis se fait donc charcuter le pied pendant une demie heure par deux jeunes hommes qui parviennent à lui retirer toutes les échardes. Son talon est encore parsemé de taches bleues foncées, celui du venin rejeté par les oursins au moment de la piqûre. Son pieds reste douloureux deux jours et la douleur finit peu à peu par disparaitre.

 

 

Le lendemain, nous assisterons, comme beaucoup, au coucher de soleil sur la plage. Activité toujours réjouissante. Gili Air est touristique mais le cœur de l’ile possède quelques bicoques authentiques et nous retrouvons nos boui-boui locaux. Le poisson séché émietté dans le riz aux légumes n’est pas appétissant, surtout pour Alexis ! Le soir-même, nous mangerons dans un restaurant italien absolument divin… l’Italie, la vraie, qui l’eût cru, à Gili Air. Nous avons trouvé notre meilleur réconfort, et notre restaurant pour les jours restant ! Bon appétit… ou, bonne baignade, je ne sais plus !

 

 

Laura B.

2 thoughts on “Qui s’y frotte s’y pique

  1. Des péripéties même sur l’île de la douceur de vivre… Quels voyageurs !
    Peut être quelques jours de quiétude ?

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