Après l’épisode “boîte de nuit”, nous quittons Vang Vieng le lendemain matin pour un calme presque autarcique. Nous souhaitons rejoindre une petite ville nommée Kasi, perdue en pleine campagne. Et nous serons d’autant plus perdus que nous réservons une chambre dans la seule guesthouse située au milieu de nulle part à une quinzaine de kilomètres.
Le chemin de terre nous conduisant au logement est chaotique et notre tuk-tuk bringuebale de gauche à droite, manquant parfois de nous faire tomber les uns sur les autres. Tout le monde en rigole, les locaux connaissant évidemment ce chemin depuis un bon moment, nous sommes les seuls touristes à faire les gros yeux lorsque la camionnette chavire. Nous crions “Stop” lorsque sur l’application Maps.me nous avons déjà dépassé Nola Guesthouse. Nous rebroussons chemin sur cinq mètres et arrivons dans un jardin.
Le cadre ne peut pas être plus authentique que les cabanes avoisinantes sur l’unique route du village. Un grand couloir en bois sur pilotis au bord de la rivière abrite quelques chambres spartiates. Dieu merci, il y a une moustiquaire. Mais pas de ventilateur par cette chaleur. Il va donc falloir faire comme tout le monde pour ne pas transpirer à grosses gouttes : pas grand chose. La pièce commune de la guesthouse est à l’image du farniente ambiant. Alejandro est uruguayen. Sans le sou au beau milieu de la route en terre que nous venons d’emprunter, il a été repêché par le chef du village, El Capitan, il y a quinze ans déjà. Et il n’est jamais reparti, se créant ici une nouvelle famille. C’est un vrai hippie, dans le meilleur sens du terme, sans la façade et la verve clichée du genre baba cool. Ce monsieur est un amour, et d’une simplicité qui nous a tous mis extrêmement à l’aise en cinq minutes. Un vrai magicien !
On ne fait pas grand chose, mais quand vient le repas du soir, c’est notre estomac qui prend du service. Les deux jeunes filles (vietnamienne et chinoise), venus donner de l’aide en échange d’un couvert et d’un lit offerts, cuisinent à tour de rôle et partagent leurs meilleures recettes du pays. Le premier soir, c’est chinois. Ce sera d’ailleurs le meilleur repas de notre séjour au Laos ! Le lendemain, vietnamien. Parfois, elles expérimentent de nouvelles recettes, pour le plus grand plaisir de notre extrême gourmandise. Les trois gloutons que nous sommes passons inaperçus lorsqu’à table, tout le monde se resserre au moins trois fois. Alejandro est ravi, nous aussi.
Le lendemain, notre hôte nous propose une balade dans les environs. Les deux jeunes filles sont aussi de la partie. Ensemble, nous nous baladons dans la campagne profonde. Nous traversons un petit village fait de maisons traditionnelles en bois, sur pilotis, où l’on s’arrête pour prendre des nouvelles du village. Alejandro est connu comme le loup blanc, seul parmi les laotiens. Même s’il semble très bien parler leur langue, il nous raconte avec le sourire que les enfants le prennent pour un “fou” parce qu’après tant d’années, il n’a toujours pas le bon accent. D’ailleurs les enfants sont toujours très souriants. Les petites filles me tournent autour avec beaucoup de curiosité, les yeux grands ouverts, si émerveillées de voir un visage qui ne leur ressemble pas.
Cette balade, tranquille, fût très agréable. Elle nous aura permis de voir la vie rurale dans tout ce qu’elle a de simple, et de suffisant. Un vrai dépaysement, même si après plus de six mois de voyage, nous avons souvent eu l’occasion de nous confronter au ridicule de nos besoins matériels “essentiels”. Nous découvrons également l’artisanat local, avec la visite d’une distillerie de Lao Lao, alcool de riz local. Ce n’est pas très bon, mais c’est assurément efficace pour faire tourner les têtes et enflammer les esprits !
Nous quittons ce havre de paix deux jours plus tard, avec une chaleureuse accolade d’Alejandro comme au revoir. Un très beau souvenir, où la douceur de vivre s’est apparentée au confort du “home sweet home”.
Nous sommes de retour à Luang Prabang, passage obligé vu le nombre très restreint de routes bétonnées sillonnant le pays. Les trajets sont longs et laborieux. 20km/h maximum, entre nids de poule et virage en tête d’épingle, nos soirées festives n’allant clairement pas de pair avec des trajets de la sorte ! Nous repartons donc à Nong Khiaw, au bord de la rivière Nam Ou, où nous avons commencé notre périple Alexis et moi, avant l’arrivée de Guillaume. Ce n’est pas dérangeant d’y retourner car le village vaut le détour, et sa quiétude est représentative de la vie laotienne. Nous passerons donc les derniers jours à flâner aux alentours. Nous profiterons également d’un massage laotien très agréable pendant la grosse pluie de la journée.
Luang Prabang oblige, nous y retournons pour une dernière soirée avec Guillaume, qui nous quitte le lendemain matin. Ce fût un vrai plaisir d’échanger sans discontinuer, de rire, de rêvasser, de faire la fête, et de tout recommencer dans le désordre… et quand les au revoir furent échangés par chaleureuses accolades, nous repartons de notre côté le lendemain dans le nord du Vietnam, direction Sa Pa et ses belles montagnes couvertes de rizières en terrasse.
À vous lire, on imagine sans peine que le Laos est, économiquement, toujours plongé dans un profond sommeil depuis la fin de la guerre du Vietnam.
À défaut d’avoir déjà entendu parler de Vang Vieng et autres anciens lieux de débauche pour occidentaux ( dépravés 😉 ) que vous avez visités, il y avait un site qui fut, malheureusement, à la une de l’actualité dans les années 70: la Plaine des Jarres.
Vous y êtes passés? Ou vous y passerez plus tard ?
Le lieu étant fort isolé, on a fait l’impasse dessus, trop loin de nos autres envies… et donc un temps de transport franchement dingue ! Dans ce pays, faut vraiment pas vouloir s’éparpiller 😉