En moto sur le plateau des Bolovens

Avec un “à bientôt peut-être”, nous quittons notre coup de cœur des 4000 îles, pour visiter Champasak.

Premier arrêt dans cette petite ville, au bord du Mékong, où le temps semble ne pas avoir passé la seconde depuis toujours. Champasak est une ville qui n’a rien d’attrayant en soi, mais elle garde un joli temple classé à l’Unesco, le Wat Phu. D’architecture khmer, c’est donc une mini version des sublimes temples cambodgiens. Et même si passer des merveilles d’Angkor à ce tout petit édifice peut sembler un peu fade, la jolie vue qu’il nous offre mérite un passage au coucher du soleil.

 

 

Face à Champasak, sur le Mékong, il y a une île, Don Daeng. Nous la découvrons à vélo le lendemain, accompagnés d’un couple de parisiens voyageurs au long cours comme nous, avec qui nous avons immédiatement sympathisé. L’île est encore plus calme qu’ailleurs. Fin des récoltes, nous aurons un paysage plutôt aride et des routes sableuses pas toujours facilement praticables à vélo. Vers midi, nous trouvons un boui-boui pour une soupe de nouilles, savoureuse, quoique peu agréable sous ce cagnard. Nous regagnons la terre avec nos vélos sur une embarcation de fortune en fin d’après-midi.

Et puisque le courant passe bien, nous décidons de démarrer la boucle du plateau des Bolovens tous les quatre. Direction Paksé, point de départ, pour louer les motos. Le tuk-tuk local vient nous chercher à sept heures, et nous récupérons Alexis à quelques mètres de l’hôtel, qui retire de l’argent au petit ATM du coin. Mais patatrac, nos chemins se séparent ici car la carte bleue d’Alexis reste bloquée dans le distributeur qui ne fonctionne plus. Nous échangeons nos numéros et espérons pouvoir nous retrouver plus tard sur la route. Mais nous sommes dimanche… le propriétaire de l’hôtel nous affirme que le monsieur viendra réparer le distributeur lundi, ou peut-être mardi… ce sera évidemment mardi !

Ces deux jours à Champasak furent occupés par des bavardages incessants avec tous les français de la guesthouse. Nous sommes incroyablement surpris du nombre du touristes français dans ce pays, il n’y a pratiquement pas d’autres nationalités. Ça papote, ça papote… échanges sur les précédentes destinations et celles à venir. Nous constatons (une fois de plus) l’abîme entre nos façons de voyager et la notion du temps perçu par chacun. Alors qu’un jeune couple de français fait la traditionnelle boucle Amérique Latine, Asie du Sud-Est (et/ou Océanie) sur une année, ils ne passeront en revanche que dix jours au Vietnam. De notre fenêtre, si nous avions eu si peu de temps à consacrer à ce pays (dans lequel nous sommes restés plus de deux mois), nous n’y serions pas allés. Échanger permet aussi de se rendre compte de nos différences, et notre vision des choses est rarement partagée; la major partie des voyageurs préférant enchaîner les endroits “wahou” comme des cases à cocher sur la carte du monde.

Nous quittons Champasak le lendemain matin, lorsque le couple de parisiens aura de son côté terminé son périple. Dommage que nos routes ne se croisent plus. Notre virée se fera, de ce fait, en amoureux. Nous louons notre moto semi-automatique à Paksé, puis roulez jeunesse !

La route est bonne, nous avançons bien. Couverts pour affronter le petit vent frais à 50km/h, pour se protéger du soleil et des éventuelles égratignures, nous sommes en revanche abasourdis par la chaleur lors de nos pauses sur le bas-côté de l’asphalte. Quel cagnard sous cette polaire. Le plateau des Bolovens est connu pour ses nombreuses cascades. Nous n’en ferons qu’une pour cette première journée, à mi-chemin entre Paksé et Tad Lo, notre point de chute. Pha Suam est jolie mais sans plus, nous ne sommes pas sous le charme et reprenons rapidement la route.

Tad Lo est un tout petit village paisible où il fait bon vivre. Notre guesthouse est tenue par un français qui propose de la nourriture laotienne ou française, à des prix correctes, quel heureux hasard. L’endroit est charmant et nous passons l’après-midi à discuter avec deux voyageurs qui logent au même endroit. Le village est également connu car on peut y observer le bain d’un éléphant appartenant à un hôtel de luxe, tous les jours à 16h30 dans la rivière. Depuis le début de ce voyage, je rêve de voir un éléphant, mais certainement pas de payer pour monter sur son dos, le laver ou le nourrir. Juste regarder cette énorme bête. Ici, c’est donc l’occasion de regarder, sans être acteur d’une activité qui ne fait rire que les humains. Même si évidemment, cet éléphant n’étant pas en liberté, il ne bénéficie pas d’un traitement approprié.

 

 

Le lendemain, nous partons à pied avec un jeune homme rencontré la veille, direction les cascades. Sur la route, nous passons devant l’entrée de l’hôtel où loge l’éléphant, que l’on aperçoit au loin. Nous rentrons dans l’enceinte de l’hôtel pour le voir de plus près. Son cornac (le maître de l’éléphant) l’accompagne à la sortie et nous les suivons jusque dans les bois. Il attache la femelle à un arbre, nous sourit et s’en va. C’est l’heure du repas.

 

 

Seuls avec cette énorme dame, nous sommes complètement scotchés ! Reculant rapidement lorsque celle-ci s’avance, nous passons un moment incroyable à la regarder trier branches et feuillages pour son festin. Chacun de ses pas fait un raffut incroyable, mais elle est très calme, seule sa carrure ne nous invite pas à s’en approcher de trop près. Nous sommes restés un moment à la suivre dans sa recherche de feuillages appétissants, ébahis par ce spectacle.

 

 

Lorsque nous y sommes retournés à 16h30 pour assister au fameux bain, la magie n’était pas si grande parce que nous n’étions pas les seuls à admirer le spectacle. Nous avons eu beaucoup de chance d’assister à un moment privilégié lors de sa pause repas quelques heures auparavant ! Ce jour-là, nous n’avons pas vu les cascades, mais nos yeux ont brillé davantage.

 

 

Après deux nuits à Tad Lo, nous repartons sur les routes. Grosse journée de moto, sans voir la moindre jolie cascade. Le seul lodge sur le chemin ne proposant pas de nous faire à manger ce midi, nous décidons de poursuivre notre route. Nous sommes cassés par le trajet, la moto n’est absolument pas faite pour tenir des trajets de plusieurs heures et j’ai très très mal aux fesses sur ce siège inconfortable. Quand nous arrivons enfin à la prochaine ville, nous nous arrêtons pour la nuit, crevés !

Le lendemain, nous traversons une étape plus ou moins dangereuse selon les dires du loueur de motos, et des anecdotes évoquées sur certains blogs. C’est pourquoi beaucoup choisissent de ne faire que la petite boucle. La grande boucle consiste à rajouter une partie pour retrouver ensuite la même route que la petite. On nous a ainsi conseillé de contourner une petite parcelle de route jugée dangereuse car en très mauvais état, elle permet à certains “voyous” de frapper les motards (touristes) avec des bâtons pour leur voler leur moto et leurs affaires. Perspective alléchante.

 

 

Nous contournons cette parcelle par une autre route de terre qui n’est pas franchement en meilleur état, si l’on en croit les nombreux nids de poule et autres revêtements de gros cailloux, avec dérapages évités de justesse. Nous espérons ainsi atteindre la plus belle cascade de la grande boucle. Après un petit quart d’heure de marche dans la forêt, la voici. Et c’est vrai, elle est superbe. Le cadre idyllique abrite une flore exceptionnelle. Des fleurs violettes sur la paroi de la cascade et sur les abords, le vert des fougères et le turquoise de la rivière dans laquelle la cascade se déverse font du lieu quelque chose de magique.

 

 

Nous reprenons cette affreuse route en sens inverse et regagnons l’asphalte avec joie. Dernière nuit sur la route, dans une ville n’ayant aucun intérêt, si ce n’est de reposer nos membres fatigués par le trajet. Nous passons ici une soirée avec un charmant couple de français d’une cinquantaine d’années, rencontrés un peu plus tôt près de la dite cascade.

Dernière journée moto, avec un programme riche en cascades. La première est isolée et très jolie. Un bassin permet de s’y baigner sans crainte. Alexis y plonge joyeusement, bien que fraîche. Je passe mon tour car les maillots de bain féminins ne sont pas bien vus dans la région. L’eau turquoise est superbe.

 

 

Les deux prochaines cascades seront plus aménagées. Des flots de touristes viennent manger ici. On en profite pour descendre jusqu’à la cascade et oublions bien vite la foule devant le bruit incessant des litres d’eau qui tombent sous nos yeux, profitant de la bruine qu’elle dégage.

 

 

La cascade suivante n’aura que très peu d’intérêt. Deux grosses chutes d’eau aperçus au loin sans en voir le bas nous font faire un rapide demi-tour. Dernier arrêt pour une ultime cascade et nous voici de retour à Paksé.

Nous sommes contraints de rester quelques jours dans cette ville pour prolonger nos visas de quelques jours et fêter ainsi Noël au Laos… mais pas n’importe où… aux 4000 îles, direction Don Det ! Même hôtel, mêmes habitudes, même farniente, nous sommes ravis !

Laura B.

One thought on “En moto sur le plateau des Bolovens

  1. Pour nous c’est “souvenirs, souvenirs” !
    Magnifique contrée découverte lors de la remontée du Mékong depuis les 4000 îles jusqu’à Paksé.
    Nous sommes toujours aussi admiratifs devant vos photos et votre prose.
    Passez une excellente fin d’année dans ces sites enchanteurs !
    Elisabeth et Jean-Patrick

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