Pénards à Penang

Après l’agréable pause tropicale de Pulau Kapas, nous regagnons la ville. Penang, ou George Town, je ne saurai jamais lequel de ces deux noms est le plus utilisé. Penang est une île, une région, une ville, collée à l’ouest du continent malais. Quelques minutes sur un transporteur suffisent à rejoindre George Town, sa grosse ville. Et comme tout ceci est plutôt restreint, lorsqu’on parle de George Town, on peut tout à fait dire Penang et se faire comprendre par le plus grand nombre.
Réputée pour son street art ambiant, George Town nous apparaît comme vivante, curieuse et variée. Carrefour de cultures indienne, malaise et chinoise, on déambule de quartier en quartier, la nourriture associée à chaque nationalité nous faisant voyager davantage.

 

 

Il est à peine six heures du matin lorsque nous arrivons sur l’île. Tout est fermé, et il fait encore nuit. La chaleur, elle, n’a fait aucune pause salvatrice et nous sommes trempés. Au hasard de nos pas, nous trouvons une Guest House au prix plutôt dérisoire, et surtout ouverte à une heure si matinale. Banco. Nous n’avons presque pas dormis pendant ce trajet de nuit et nous sommes contents de pouvoir nous reposer un peu. Alexis, étant plus ou moins réveillé, part en ville espérant faire quelques photos. La lumière de l’aube n’est pas si belle et il part prendre son petit-déjeuner dans un boui-boui rempli de locaux. Une soupe de raviolis crevettes lui fera tomber sous le charme de cette cantine, dans laquelle nous retournerons ensemble goûter des assortiments de dim sum.

 

 

George Town est, en effet, réputée pour sa cuisine, paraît-il une des meilleures de Malaisie. Voyons voir… pour l’instant, nous sommes satisfaits, mais loin d’être amoureux (de la cuisine, hein). Néanmoins, nous trouvons des adresses vraiment peu chères, et cela ravira au moins notre porte-monnaie de voyageurs au long cours. Mais un végétarien dans ce pays serait bien embêté ! Tous les plats sont à base de viande : poulet, mouton et porc à toutes les sauces. Et pour les autres, on y met des crevettes, peu importe le plat demandé. Dans les rubriques « Vegetables » des menus, on trouve presque autant de viandes et de crevettes que dans les rubriques qui leurs sont spécialement dédiées. Etant donné la qualité de leurs bêtes, je préférai très largement manger végétarien, comme en Inde, mais c’est presque chose impossible.
L’avant-veille de notre départ, nous nous éloignons quelque peu du centre ville pour tester un foodcourt rempli de locaux, et nous sommes ravis. Ici, beaucoup moins de touristes. L’ambiance ressemble à une fourmilière où grouillent les clients d’un côté, et les serveurs de l’autre, se déplaçant de tables en tables pour servir un plat de riz frit par-ci, des nouilles ou une soupe par-là. Chacun choisit sa spécialité dans un stand dédié, et revient s’assoir dans l’espace commun. Les serveurs ont l’oeil pour savoir où servir chacun, à sa table, lorsque le plat est prêt.
Nous nous sommes régalés ce soir-là et le suivant : soupe de nouilles pimentée, petits pancakes matcha-coco-banane faits minute, ainsi qu’une découverte culinaire surprenante dont je vous laisse deviner la composition. Entrée, plat ou dessert ?

 

 

Le cœur de la ville est charmant, mais franchement touristique. Nous habitons à l’angle de Love Lane, une rue populaire où se bataillent les Happy Hours, avec terrasses et musique assourdissante. Collés les uns sur les autres, comment chaque bar peut-il faire entendre son meilleur tube, si ce n’est en mettant plus fort que le voisin ? Combat vain, et discussion entre assoiffés plutôt compromise…

Le street art de la ville est une activité en soi. Un plan indique où se trouve chaque oeuvre, plus ou moins cachée au détour de petites ruelles. Enfin, il suffira de suivre les attroupements de touristes dans le secteur pour savoir où se trouve précisément chacune d’elle. Pour les plus connues, il sera difficile de les photographier sans faire la queue pour attendre son tour. Poser devant est un jeu auquel tout le monde se prend. Les artistes ayant mélangé leurs oeuvres avec l’univers ambiant, on obtient des choses amusantes.

 

 

Se balader est agréable, il est chouette de trouver au hasard d’une rue une énième fresque donnant à la ville un mouvement perpétuel et un esprit ludique.

Bons marcheurs que nous sommes, nous décidons de quitter notre flânerie en ville pour remonter au nord de Penang, visiter le Parc National, entre jungle luxuriante et plage. Plusieurs sentiers de randonnée s’offrent à nous, et nous choisissons le plus long, espérant ainsi nous écarter des éventuels touristes. Il est amusant de constater que nous fuyons toujours ceux qui, comme nous, veulent s’en mettre plein la vue durant leurs vacances. Voir l’incroyable, se sentir seul et unique tel Robinson qui fut le premier à tomber sur son île. Souhait vain, il faudra sans cesse composer avec la réalité, n’oubliant pas notre condition plus ou moins similaire à celle des autres voyageurs. Nous notons néanmoins une différence notable entre le touriste parti pour quelques semaines, et le bagpacker au long cours, dans le choix de ses activités et le regard posé sur ce qui l’entoure.

 

 

Le chemin que nous empruntons est une immersion totale dans la jungle. Discret mais bien dessiné. Plutôt sportif, il faudra grimper et descendre entre les lianes et autres racines qui jonchent le sol. Le bruit des animaux est assourdissant. Nous trouverons même une similitude incroyable avec le bruit strident d’une perceuse électrique en action !

 

 

Nous croisons des singes sur une plage au début du parcours. Ils semblaient sympathiques, mais n’étant pas assez rapide pour espérer faire un sublime portrait, un autre singe derrière moi m’attaque les jambes. Je prends la poudre d’escampette, et m’éloigne de ses petites bêtes, pas si mignonnes que ça !

 

 

Ce sera ensuite au tour des varans de faire leur entrée. Proches de la mer, ces gros reptiles ne semblent pas effrayés par l’être humain. Peut-être l’habitude, en tout cas nous n’en verrons pas en pleine jungle, à l’abri du tourisme de masse.

L’air est pesant, nous sommes dégoulinants de sueur. La plage à l’autre bout du parc est un plaisir. L’eau est plus fraîche qu’à Kapas, et nous pouvons masser nos pieds dans un sable à gros grains, après ces quelques heures de marche sportive.
Sur le chemin du retour, lorsque l’on s’approche de l’entrée du parc, on constate le changement dans l’accessibilité des chemins balisés pour les visiteurs. Il semblerait que nous ayons emprunté des chemins plus ou moins abandonnés, ce qui justifie la difficulté de certains passages.

 

 

Couverts de sueur, nous rentrons à George Town, savourons notre douche salvatrice, pour ressortir dans la rue à la chaleur écrasante. Se laver ? Oui, rester humides, c’est certain !

 

Laura B.

2 thoughts on “Pénards à Penang

  1. Autres univers, autres découvertes, autres émotions transmises à travers vos récits et vos photos …
    Le noir&blanc qui convenait si bien à l’univers minéral, austère et désertique des montagnes népalaises fait désormais place aux exubérantes couleurs engendrées par la prolifération des formes de vie en milieu tropical.
    Cependant, la vive intensité des couleurs et des contrastes de vos superbes photos, est parfois accompagnée (non sans humour!) de propos notoirement désabusés. Vous allez de paradoxe en émerveillement, ce voyage est un concentré d’émotions que vous avez l’air de dévorer avec un bon gros estomac alors … bon appétit !
    Et pour ce qui est de la devinette sur le contenu de l’assiette, je dirais (sans conviction) qu’il pourrait s’agir d’une entrée composée de beignets de crevettes et d’algues avec une sauce au curry.
    Bises et chaleureux encouragements pour la poursuite de vos captivants rapports d’exploration

    1. Merci Papa, nous continuons notre aventure avec bon appétit 🙂
      Quant à la devinette, perdu ! Il s’agit d’un dessert composé de pâtes vertes (pourquoi, je ne sais pas), de haricots rouges, plongés dans du lait de coco, le tout bien agrémenté de glace pilée sur laquelle coule du sucre de palme. Une association plutôt surprenante, ni bonne ni mauvaise, nous n’en avons jamais repris 🙂

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