Au cœur des plantations de thé

Nous quittons de façon matinale l’île de Penang, empruntant de nouveau le ferry, achetons nos tickets de bus. Après une brève attente, nous partons vers l’intérieur des terres, en direction des Cameron Highlands. Au moment de l’occupation anglaise, un riche écossais eu l’idée de déboiser cette zone de jungle au climat humide et relativement frais (dans les standards locaux), pour y implanter des plantations de thé. Succès qui ne s’est pas démordu depuis, la même famille tient toujours les rênes de la région. Autrefois lieu de villégiature prisé de l’aristocratie anglaise en poste dans l’empire des Indes venant retrouver ici un peu de fraîcheur et de brume anglaise, c’est aujourd’hui un lieu d’excursion pour les malais.

 

 

Bus sans encombre, les routes locales sont décidément bien agréables… il y aurait presque assez de place pour mes jambes ! Les derniers kilomètres furent bien poussifs, cul à cul avec les autres véhicules, nous ne nous attendions pas forcément à ça en arrivant en zone « rurale ». Mais au moins, cela nous a laissé le temps d’admirer le paysage. D’abord très plaisant avec cette jungle luxuriante et de grandes falaises de grés orange, le décor fait vite place à d’immenses serres, construites sur toutes les collines déboisées, donnant aux cultures un aspect anarchique. En effet la seconde spécialité du coin est maintenant la fraise, cultivée en hydroponique pour finir une demande constante au fil de l’année. Immenses hôtels attenants aux cultures, parcs d’attractions, visite des fermes, et même d’innombrables boutiques « souvenir of strawberry » jalonnent ces derniers kilomètres. Comme si la Sologne était ponctuée de boutiques « Aspargus presents » ou bien « Petit sassay shop »… Assez surréaliste, surtout pour une culture hors sol franchement artificielle.
Avec ces ralentissements, nous arrivons quasiment en fin d’après midi à Tanah Rata, trouvons rapidement un hébergement, et allons enfin sustenter nos ventres, vides depuis la veille au soir. La pluie s’invite à nos côtés, ce n’est pas aujourd’hui que nous irons découvrir les plantations de thé. Le soir, nous tentons de retrouver les saveurs indiennes dans un restaurant bondé de l’unique rue ou presque du village. C’est raté, nos plats ne sont pas mauvais mais si loin de la richesse que déploie la cuisine du sous continent. Seul le thé pourrait presque faire illusion.

 

 

Le lendemain matin, après un petit déjeuner dans la Guest house (chapati et dhal, nous sommes bien chez des émigrés indiens), on constate que le temps n’invite pas à la ballade. Une heure après ça se découvre, on enfile nos tenues et partons sur un chemin de randonnée. Au menu, la jungle, pour atteindre un sommet puis descente vers une plantation de thé. La montée est loin d’être évidente, et la crapahute obligatoire dans ces escaliers de racines. Mais le chemin est bien tracé, on atteint le sommet rapidement (le Népal doit bien aider dans ce genre de moment) puis direction plein sud pour atteindre les plantations convoitées que nous apercevons déjà au loin.

 

 

La descente est franchement casse gueule, avec une longue partie fort pentue dans une glaise qui incite à la cascade. Nous finissons la zone tout crotté… heureusement, sur certaines sections une corde fixe a été installé, mais cela n’a pas empêché nos fesses d’aller voir de près cette boue rougeâtre. On longe des cultures fruitières puis atteignons enfin le village de cueilleurs de thé. J’aimerai bien aller y faire des photos, mais l’ambiance n’y est pas et nous nous enfonçons dans les sentiers. Le thé déploie ici ses plus belles couleurs. Avec les plantations et récoltes différenciées, les collines s’habillent de milles nuances de vert, quadrillées de lignes sombres, sentiers utilisés par les exploitants. C’est vraiment beau, et nous avons de le chance, le soleil est encore là, illuminant ces zones qui pourrait paraître bien terne dans le cas contraire.

 

 

Au loin sur une colline, les lettres « Cameron Highlands tea » sont présentées aux visiteurs à la manière d’Hollywoood. Pour nous qui n’avons croisé que 2 petits groupes de randonneurs, cela paraît bien étrange. Nous comprendrons bien vite la raison. Un peu après midi, nous atteignons l’entrée principale de l’exploitation, noyés sous les cars de tourismes. On retrouve bien vite tout ce qui accompagne ces cars aux moteurs toujours ronronnants : boutiques de souvenirs, dégustation de thé, spot à selfie… le tout toujours dans la direction des lettres géantes. Aah, les joies du marketing… De notre côté, nous sommes pressés, le soleil a depuis bien longtemps fait place à des nuages noirs et la pluie menace. Nous optons pour la route principale et levons le pouce pour rejoindre la ville. Quand les premières gouttes nous atteignent, nous sommes gentiment pris en stop. Les 20 minutes restantes se passeront sous les trombes d’eaux à échanger sur le sujet le plus international qui soit : le football !

Après midi et soirée lancinante, le ciel ne nous offrant aucun répit…

Le lendemain, grand beau temps, nous partons donc pour les plantations de thé conseillées par notre hôtesse. Un bus local, nous y dépose, il ne nous reste que 3 kilomètre et demi de montée à parcourir. Cela se fait avec un grand plaisir malgré l’incessant flot de voitures, cars et scooters. Dès notre sortie de la ville, nous pouvons admirer à notre rythme de marcheur les plantations de thé, qui sont effectivement sublimes sous un grand ciel bleu.

 

 

 

Le tout ponctué de belles demeures et d’hôtels qui ne sont assurément pas pour nous. Ici contrairement au Népal, le cadre se paie ! A un croisement, nous observons le balai des véhicules motorisés allant tous sur la droite vers le centre touristique des plantations. On oblique donc sur la gauche.

 

 

Les plantations sont les mêmes, mais le calme y est bien plus présent. La route est goudronnée, mais les lacets sont absents et sous cette chaleur de plomb, la marche est harassante.

 

 

Arrivés à l’orée d’un bois dense, on rebrousse chemin, il n’y a plus grand chose à voir pour les marcheurs, hormis ces immondes serres qui reprennent leurs droits.
Direction le chemin touristique pour aller déguster les thés « haut de gammes » produits ici. Arrivé sur place, on découvre un bâtiment ultra moderne, tout de verre et de métal offrant une vue panoramique sur les plantations de thé. C’est très joli, mais bien moins que les zones que nous venons de parcourir. Cela ne nous arrête pas, et nous pouvons attaquer la dégustation de deux thés, constitués uniquement de feuilles, devant nous offrir les parfums les plus forts.

 

 

Dans un autre cadre, il nous aurait été bien difficile d’appréhender les parfums intenses de nos breuvages… On est déçus, heureusement que la ballade fût belle. Retour par le même chemin, ici pas de locaux prêts à nous prendre en stop, suants et encore empreints de la glaise de la veille. On fera tout le retour à pieds jusqu’à Brinchang et retrouvons notre chauffeur de bus qui nous ramènera à bon port. L’après midi ressemble fort à celle de la veille, et nous tuerons le temps, à défaut de pouvoir aller se balader, forte pluie oblige. Au moins, les températures de cette région nous aurons offert un répit de fraîcheur très agréable !

Alexis B. (texte), Laura B. (photographies)

2 thoughts on “Au cœur des plantations de thé

  1. Quel bonheur de recevoir vos magnifiques photos et votre récit toujours aussi vivant !
    Les couleurs éclatantes, les verts multiples du thé, les bleus du ciel et en bonus la délicatesse d’une fleur d’hibiscus j’adore 😀
    Et la référence au Petit Sassay nous a bien fait sourire😉
    Ici on a hâte de ressortir nos chaussures de rando pour aller découvrir les lacs d’altitude, les fleurs et les animaux du Mercantour !!!
    C’est pour bientôt 😄
    Bisous bisous

    1. Laura te remercie pour les compliments sur ses photos. elle avait sorti un paquet de jolies diapos de nos précédents voyages également, mais hormis le mur de notre feu chambre de la rue sainte marthe, on ne les a pas vraiment encore partagé 🙂

      Et c’est sûr que l’anecdote du petit sassay avait un public restreint !

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